Les États-Unis ont longtemps dominé l’économie mondiale et les marchés financiers, affichant des performances solides malgré les crises. Pourtant, cette dynamique semble s’inverser alors que les politiques protectionnistes de l’administration Trump, notamment les hausses de tarifs douaniers, commencent à peser lourdement sur la croissance économique et la confiance des investisseurs. Avec des indices boursiers en baisse et des perspectives économiques plus incertaines, l’exceptionnalisme américain est remis en question.
Une dynamique économique en déclin
Depuis le début de l’année, les marchés boursiers américains ont reculé, le Nasdaq entrant même en correction, tandis que les marchés européens et chinois affichent des hausses impressionnantes. Cette situation contraste fortement avec les mois précédents, où l’économie américaine semblait inarrêtable alors que l’Europe et la Chine peinaient à sortir de leur ralentissement.
Les analystes de Bank of America ont récemment signalé que l’exceptionnalisme américain s’estompe, pointant du doigt une combinaison de croissance ralentie et d’inflation persistante. Michael Brown, stratégiste chez Pepperstone, a résumé la situation de manière plus abrupte : « Le dollar chute, les craintes économiques s’intensifient, et l’exceptionnalisme américain est en lambeaux. »
L’impact des tarifs douaniers sur la croissance
L’une des principales préoccupations des économistes est l’effet des tarifs imposés par Donald Trump sur la croissance américaine. Le président a mis en place des barrières tarifaires sur de nombreux produits, ciblant non seulement la Chine, mais aussi le Canada, le Mexique et l’Union européenne. Ces mesures ont entraîné des tensions commerciales accrues et de nouvelles incertitudes pour les entreprises américaines.
L’indicateur GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta, qui suit en temps réel la croissance économique, projette désormais une contraction de 2,4 % pour le premier trimestre, contre une baisse initiale de seulement 1,5 %. Certains analystes, comme ceux de JPMorgan, estiment même que la croissance pourrait tomber à 1 % si les tarifs sur le Canada et le Mexique sont pleinement appliqués.
L’Europe et la Chine en plein rebond
Alors que l’économie américaine montre des signes de ralentissement, d’autres régions du monde en profitent. L’Europe, qui a longtemps souffert de politiques d’austérité budgétaire, amorce un virage vers des dépenses publiques accrues, notamment dans le secteur de la défense. Selon JPMorgan, la zone euro pourrait croître de 2 % cette année, à condition qu’une guerre commerciale majeure avec les États-Unis soit évitée.
De son côté, la Chine a annoncé une série de mesures de relance économique, notamment pour contrer l’impact des tarifs américains. Pékin a doublé ses tarifs sur les importations américaines, les portant à 20 %, mais mise sur un soutien fiscal et monétaire massif pour stimuler sa croissance. Ces stratégies semblent porter leurs fruits, le Hang Seng de Hong Kong ayant bondi de 21 % depuis le début de l’année.
Les marchés financiers sous pression
Les tensions commerciales et l’incertitude économique se reflètent directement sur les marchés financiers. Alors que le S&P 500 a perdu 2 % depuis le début de l’année après deux années euphoriques (+20 % en 2023 et 2024), le DAX allemand a progressé de 15,6 %, et le Hang Seng affiche une hausse impressionnante de 21 %.
Malgré ces signaux alarmants, certains experts, comme Ed Yardeni et Eric Wallerstein, continuent de voir une issue positive. Ils attribuent encore une probabilité de 55 % à un scénario de « Roaring 20s » où l’économie américaine reste alimentée par l’innovation technologique. Cependant, ils ont réduit leurs prévisions d’un marché haussier explosif de 25 % à seulement 10 %, tout en augmentant la probabilité d’une récession liée aux tarifs à 35 %.
Quel avenir pour l’économie américaine ?
Alors que Donald Trump continue de défendre ses mesures protectionnistes, les investisseurs restent divisés sur leurs effets à long terme. Si ces politiques sont censées renforcer l’industrie américaine, elles risquent également de freiner la consommation, d’augmenter les coûts des entreprises et de ralentir l’investissement étranger.
L’économie américaine a toujours fait preuve de résilience, mais cette fois, elle est mise à l’épreuve par un environnement mondial en mutation. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si l’exceptionnalisme américain peut survivre à cette nouvelle ère de tensions commerciales.
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